Par : Jean-Baptiste
Gallez
Mon premier grand meeting
En septembre 2016, je participais au meeting du MCH, à
Havay. Alors que je transportais mon Klemm
vers le parking avion, je passe devant un « campement »
de tentes et de caravanes et quelques Messieurs me demandent alors la
signification de l’immatriculation de cet avion : D-TAXE. C’est
un clin d’œil à un copain qui en a commandé
le kit au nom de sa société, et que j’ai donc payé
sans la TVA.
Parmi ces Messieurs se trouve Denis Anschling et quelques amis, le noyau
des organisateurs du meeting « Icare Airmeet », une
des plus belles rencontres modélistiques européennes,
avec la Ferté.
Et comme, vu de loin, mon avion n’a pas l’air trop moche,
il m’invite à y participer.
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Pourquoi pas ? Je n’ai jamais participé à
un meeting international, ce n’est pas trop loin et en empruntant
un camping car, nous pourrions en profiter pour faire un peu de tourisme
dans cette région, la Lorraine, que nous ne connaissons pas.
Départ le jeudi et nous passons par le Luxembourg, le village
de Schengen, l’Allemagne, où nous suivons la vallée
de la Sarre et enfin la France et le village de Rorhbach-les-Bitche.
Et sur une colline au dessus du village, un terrain d’ULM bien
dégagé.
Nous nous installons dans la gigantesque prairie réservée
aux pilotes. Sur le terrain ont déjà commencé les
certification des « catégorie B » par le délégué
de la DGAC.
C’est du sérieux : dossier complet, inspection technique
minutieuse des avions et deux vols de certification du pilote et de
l’avion. Il faut aussi démontrer le fonctionnement du fail-safe
de la radio, ce dont les pilotes allemands n’ont pas l’habitude
chez eux. J’ai ainsi vu refusée l’autorisation de
vol à un superbe planeur (un DG 100 de plus de 8 m, rien que
le top du matériel) parce que le fail-safe n’avait pas
de prise sur le pylône de propulsion rétractable. On ne
plaisante pas avec la sécurité.
Le vendredi, encore quelques vols de certification puis vols
libres pour ceux qui veulent. Pour le plaisir, car le terrain est parfaitement
dégagé et le vent faible et dans l’axe, je m’offre
quelques circuits avant de ranger mon Klemm dans l’un des grands
chapiteaux réservés aux modèles.
Samedi matin, les choses sérieuses commencent. Inscription des
pilotes et des « mécanos » (Madame !). Pendant toute
la durée du meeting, nous sommes les invités de l’organisation.
Et le samedi soir, nous avons même droit à un banquet de
gala, pour une somme modique. Briefing des pilotes : bienvenue, consignes
de sécurité et organisation des vols. On fonctionne selon
la technique de l’entonnoir. Quand on désire voler, on
met son avion dans la file d’attente.
Je ne vous ferai pas la liste exhaustive des modèles présents.
Rien que du beau, du grand, de l’exceptionnel et des pilotes de
talent. La crème de la crème du modélisme européen.
Une petite recherche internet « Icare airmeet 2017 » vous
montrera les plus belles images.
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Dans tout cela, je ne suis qu’un petit débutant.
Je ferai un vol le samedi et deux le dimanche, mais ma présentation
est limitée. Passage bas et lent, passage très bas, passage
« à l’anglaise », un looping, un tonneau et
un renversement et il est temps de battre des ailes pour dire au revoir
et se poser.
Le samedi, à l’atterrissage, je me suis un peu déporté
de l’axe de piste. Attendait au bord de celle-ci une petite jeep
radio-commandée qui précédait la mise en piste
d’un groupe de warbirds. Une petite touchette du bout de mon aile
lui a fait tomber le drapeau américain. Un avion allemand (quand
même orné de la croix gammée) qui attaque une jeep
américaine… J’ai été m’excuser
auprès de ces pilotes… allemands !
Et tant que nous sommes dans les paradoxes linguistiques, il y avait
sur place un groupe de passionnés d’histoire qui recréent
un campement américain de la dernière guerre complet,
avec Jeep et autres véhicules patiemment restaurés,
armes et uniformes fidèlement reproduits. Comme nous sommes
en Lorraine, beaucoup de ces GI’s français parlent…
allemand !
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Une mention spéciale aussi au team « Legendary
Fighters », une dizaine de warbirds WW2 en formation d’attaque
et un show pyrotechnique à vous couper le souffle.
Parmi les « attractions », il y avait aussi un
remorquage de planeur par … un chien. Sagement assis au milieu
de la piste, sur un signal de sa maîtresse, il se met à
courir et le planeur se retrouve facilement à une cinquantaine
de mètres. Promis, prochain meeting, mon chien fera la même
chose.
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Le samedi soir, après notre banquet, séance
de vol de nuit où les avions éclairés par led évoluent
parmi les feux d’artifices. Le « Team » belge de Bernard
Delaye était naturellement présent et comme d’habitude
à vu les choses en grand. Quand les autres mettent quelques bandes
de led pour le vol de nuit, son grand Piper était carrément
éclairé par une série de projecteurs qui illuminaient
les ailes et l’intérieur du fuselage.
Dimanche matin, le temps est un peu gris, mais, très rapidement
le ciel vire au bleu avec juste quelques petits cumulus de beau temps
et le spectacle reprend. Le public fut estimé à plus ou
moins 7.000 personnes sur les deux jours.
Et le soir, moment magique dans la belle lumière du soleil couchant,
c’est encore le team belge qui nous a fait vibrer pour la clôture
de ce meeting. Après un superbe vol en formation, un circuit
complet en miroir, le fiston, Loïc, sur le dos, presque au ras
du sol avec le grand Piper, et le papa, Bernard, juste au dessus de
lui avec le grand Fokker DR-1.
Comme, dans le camping car, c’est l’avion
OU nous, Denis Anschling nous propose gentiment d’accueillir
l’avion chez lui, il habite à quelques kilomètres
de là, pour que nous puissions faire un peu de tourisme.
La région a une longue histoire de verrerie et de cristallerie
et c’est à Wingen-sur-Moder que s’est installé
le musée René Lalique. Moi qui croyait m’ennuyer
à voir quelques vases … Je ne peux que vous recommander
un petit détour par ce petit mais merveilleux musée.
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Dans un autre domaine, nous ne sommes pas loin de la frontière
avec l’Allemagne et c’est donc ici que Monsieur André
Maginot, ministre de la guerre, a fait construire, entre 1928 et 1940,
une ligne de fortification censée rendre le territoire impossible
à envahir. Les militaires sont toujours en retard d’une
guerre. Avant, les troupes étaient mobiles, songez aux Romains
qui avaient construit sur tout l’empire un réseau de routes
destinée avant tout au déplacement des légions.
Mais pendant la guerre de 14-18, elles se sont enterrées, ont
creusé des tranchées. Les militaires se sont dit alors
« pour la suivante, construisons de belles tranchées, en
dur, avec tout le confort ». Cela à donné la «
ligne Maginot » . Pas de chance, les ennemis sont passé
à côté ou au dessus et ces beaux ouvrages ne servaient
plus à rien. Seul un certain colonel de Gaulle avait dit que,
pour le même prix, on pouvait avoir de nombreuses divisions blindées
capables de résister n’importe où sur le territoire.
Nous avons été visiter l’ouvrage de Simershof. J’avais
déjà vu un autre fort de la ligne Maginot, mais ouvert
à tous les vents, il avait été largement pillé.
Celui-ci ayant été occupé par l’armée
française jusque dans les années 70, est en parfait état
… A voir aussi si vous passez dans la région.
Une bien agréable expérience… je suis partant pour
l’édition suivante.
Contact : jean-baptiste@jivaro-models.org